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Manimal – Multiplicity (2012)
Critique:
4.75/5
Pour les toulousains, Manimal ne se présente plus. Pour les autres, c’est un groupe formé en 2003 composé de 5 musicos qui nous ont déjà apporté un bon nombre de skeuds et de live remplis d’émotions. Leur prénom : Julien, Vidda, Brice, Ludo et Fabrice. Le groupe a décidé de se séparer en 2012, suite au départ de Vidda, guitariste et compositeur. C’est aussi lui qui possède le studio dans lequel l’album a été autoproduit. Ils nous ont offert quand même une tournée d’adieu pour défendre « Multiplicity ». Tournée que j’ai malheureusement ratée. Ce schizophrène (qui succède à « Succube » 2006 et « Eros & Thanatos » 2004), je ne lui ai donné sa chance il n’y a que quelques mois. Je m’en ronge maintenant les doigts jusqu’à l’os.
L’album a pour concept de décrire un personnage (fictif, tiré de la culture cinéphile de Julien) par chanson. Ce qu’on se dit dès les premières secondes d’écoute : « Manimal, ça tape toujours autant ! ». On prend directement une décharge d’adrénaline et d’énergie sur Michael, pour bien commencer. Lorsque la batterie et le talent de Brice nous attaque les tympans, on se retrouve quelques instants plus tard à faire du « air battery » à la manière d’un dérangé (à qui on aurait promis une barbe à papa à la fête foraine). On écarquille les yeux pour son jeu sur les titres Christian et Corey également, pour ne citer que ceux là.
Parlons riff ensuite, pour les gratteux. La saturation est présente, on aime d’accord, mais ensuite ? Et bien là on va prendre du Vidda en pleine tronche. C’est-à-dire une touche artistique bien reconnaissable et agréable. Les riffs s’enchainent sans se ressembler, certains sont lourds et efficaces, d’autres sont très rapides et enivrant, d’autres encore sont déroutants (mention pour Scottie). Là une fois encore, on feint d’avoir un médiator dans une main et on gratte son bureau ou sa cuisse, à s’en chopper des crampes à l’avant bras ! On ne s’appuie pas ici sur du galoping corde à vide 3 mesures sur 4, les Manimaliens innovent, et ça c’est bien quand même, comme dirait Dédo. Mon petit préféré : « le riff de Christian 3’10min ».
« Christian… Je suis déjà à la moitié de l’album ? » Oui. Le principal « défaut » de cet album, c’est qu’il passe bien trop vite. On a chanté sur Ben, hurlé quelques secondes après sur Corey, on rechante maintenant sur les passages de chant clair, sur Laura. Le chant de Julien s’il doit être défini en un mot serait : Maîtrise. Sa technique et sa tessiture lui permettent de nous donner l’illusion qu’ils sont 3 chanteurs, mais non ! C’est bien un seul chanteur qui nous soigne les oreilles. Chants clairs, saturés aigus et graves font partie de ses capacités, très bien dosées sur cet album, plus que jamais d’ailleurs. Les lyrics se veulent intimistes pour la plupart, comme sur Edmond, l’homme perdu recherchant le sens de sa vie, qui me tourmente avec sa mélodie.
Finalement, un esprit de déstructuration non excessif est couplé à une alternance des ambiances très bien dosées, sur toute la longueur de l’album. Du coup on s’habitue à du miel, suivi d’agressivité, suivie de velours à son tour. C’est très dur de décrocher, car finir sur Edmond (magnifique morceau acoustique) fait naître une envie de reprendre une claque… On relance sur Michael puisqu’on aime ça !
PS : Il ne vous reste que trois cliques à faire pour vous procurer « Multiplicity » en version digitale (car la version CD est épuisée).
par Jimmy MOTTET