Interview

Interview Deadlight Entertainment

Interview Deadlight Entertainment

ActuMetalToulouse

30 septembre 2014

Pas de commentaire

 

Deadlight Entertainment, ce nom vous dit sans doute quelque chose. En effet, c’est un label basé en Ariège, essentiellement tourné vers les musiques extrêmes et rock’n roll et dont le catalogue contient des noms connus et variés tel que Peter Dolving, Los Disidentes Des Sucio Motel ou Wolfpack 44 ou récemment Witchthroat Serpent, le tout distribué par le fameux Season Of Mist en France et par PHD dans le monde entier
Sa tête pensante, Alexandre Martinez, est bien connu dans le milieu toulousain et il nous fait l’honneur de partager sa passion avec nous…

 

AMT (Romain): Salut Alex, peux tu nous présenter ton parcours rapidement et comment en es tu venu à monter ce projet ?

Compadres, il nous faut à tout prix écraser les combattants de la liberté avant la saison des pluies ! Et rappelez vous : il y aura un bel âne tout neuf pour quiconque me ramènera la tète du Colonel Montoya !
Pardon, je me suis trompé de discours.
Bonsoir jeune homme. Je te remercie déjà pour cette opportunité de m’exprimer dans tes colonnes !
J’ai été confronté relativement tôt à la musique rock et aux autres choses saines. J’avais un oncle et un cousin branchés dans ces sous cultures bad ass et j’ai du choper le virus très tôt. Je me souviens de mon cousin qui m’avait offert un poster d’Iron Maiden « somewhere in time », je devais avoir 8 ans je pense. Le visuel m’avait tellement plu. Je suis donc devenu fan assidu des années après.
Vers la fin de l’année 2006, un ami m’a proposé de lui filer un coup de main car il venait de monter son label. Je venais de me prendre une vilaine rupture sentimentale et j’ai voulu me changer les idées en me lançant dans cette aventure qui a duré une grosse année au terme de laquelle j’ai quitté la structure pour monter mon propre label avec une ligne bien définie…

 

AMT (Romain): Le contexte actuel avec le téléchargement n’est-il pas trop un probleme ? On connais la passion qu’ont les metalleux ou meme les rockeurs en général pour l’objet en lui meme.

Evidemment, il y a des moments où je me dis qu’avoir monté un label pour produire des albums en format physique alors que l’industrie du disque est en crise, ça a tout du suicide.
On pourrait tenir un salon pendant des heures sur le sujet du téléchargement. Les premiers touchés sont les majors car les productions sont les plus exposées et je ne vais pas pleurer sur leur sort. Je comprend tout à fait que les gens n’aient pas envie de donner le moindre euro à des artistes qui exposent leur train de vie cossu et exubérant dans les medias. De plus les majors ont considéré le public comme des vaches à lait. On oublie que quand le format CD est arrivé, toutes les sorties vinyles ont été rééditées sur ce support nettement plus pratique et nombreux sont ceux qui ont racheté en CD les albums qu’ils avaient en vinyle. Ca représente une sacrée somme.
Mais il existe des répercussions sur le reste du monde de la musique. Pour beaucoup de gens, un artiste gagne bien sa vie. Idem pour un label.

C’est devenu systématique de télécharger un album même chez des gens qui ont grandi en achetant des disques.

Ils ont perdu ce reflexe et ne se disent pas que derrière un groupe ou un label il y a du temps, du travail, de l’argent, de l’énergie. Alors on dit souvent que les fans de rock et de metal sont attachés au format physique. C’est un avis que je ne partage pas vraiment, étant donné que parmi les personnes que j’ai pu cotoyer, très peu achetent. C’est un peu minable de se dire fan d’un artiste et lui voler sa musique. J’ai meme entendu « je préfère soutenir moralement, c’est beaucoup plus important que d’acheter des disques ». Quand ce sont les memes qui pestent car ils trouvent que le prix du billet pour le Hellfest est cher, ça donne envie de rire. Surtout qu’aujourd’hui on peut se procurer assez facilement un CD ou un vinyle. Les mailorders sont hyper performantes et les prix sont souvent moins élevés qu’en Fnac par exemple.
Je pense que certains fans de metal sont plus attachés au format physique que les fans d’autres styles, les zoukeurs par exemple (pris tout à fait au hasard) mais certains sont plus enclins à se soucier de leur propre image.
Mais il y a également d’autres aspects que je trouve ridicule. Les musiciens ou (pire encore) les labels/ distros qui téléchargent et n’achetent jamais de disques mais qui se plaignent de la catastrophique situation dont on parle. Enfin, je dis ridicule mais le terme pitoyable serait plus adapté. Idem pour ceux qui tannent les assos pour jouer mais qui ne vont jamais aux concerts des autres. A bon entendeur, salaud.

 

AMT (Romain): Il y a meme un retour en force du vinyl, on peut le voir sur ta dernière offrande.

Oui on parle depuis des années du retour du vinyl. Pour tout avouer, je trouve ce phénomène hypocrite. C’est une mode comme une autre ni plus ni moins. Le vinyl est un format qui a toujours été là et dont l’existence a été maintenue grace à l’underground et aux DJ. Le voir ressortir aujourd’hui ne me surprend pas. Nous sommes à l’époque du vintage, de la retromania. C’est simple, on a de super smartphones qui font de super photos mais on préfère leur coller un filtre polaroid sur Instagram. J’aime le vinyl pour l’objet. Je dois avouer etre un grand collectionneur et je suis du genre à fouiner partout pour choper des disques. Je suis de la génération CD et j’ai une préférence pour ce format. Mais une belle jaquette sur un 33T c’est plus appréciable que sur un CD c’est certain. Coté son, ça dépend. Certains artistes sont faits pour étre écoutés sur vinyl, d’autres sur CD. Je n’ai pas l’oreille assez affutée. Peut etre que je devrais en causer à Peter Mactruck mon chat. Il de grandes oreilles, on pourrait y perdre ses clés.

 

AMT (Romain): Comment sélectionnes tu tes artistes ? Tout se passe au feeling ?

Chaque artiste est unique, possède sa propre façon de démarcher et il n’y a pas 2 signatures qui se ressemblent. Il y en a que j’ai contacté, d’autres qui sont venus vers moi, d’autres qu’on m’a conseillé et inversement.
Il faut déjà que la musique me plaise, qu’elle dégage quelque chose. Et bien entendu, que le feeling passe avec les musiciens derrière. Deadlight est une entité à dimension humaine et ne sera jamais une usine, du coup le contact doit être le meilleur possible. De toute façon je ne me vois pas produire un artiste avec qui je ne m’entend pas.
Aujourd’hui je travaille avec des artistes dont la musique me plait et avec qui j’ai les meilleures relations. Je cite : Peter Dolving, Los Disidentes del Sucio Motel, Purify, Cowards, Freya, Wolfpack44, Cold Existence, Confronto, Primal Age, Witchthroat Serpent, Xasthur.
J’ai degage le dernier emmerdeur il y a un an ;)

 

AMT (Romain):Tu dois avoir quelques anecdotes croutillantes sur certaines démarches de groupes voulant un label…

Ah ben ça… Meme si je dois recevoir une centaine de demandes par an et que dans le lot, j’en retiens moins de 5, j’ai droit à un sacré lot de rigolades ! Quelques exemples ? Et en prime j’inclus les réponses.

-« Bonjour. On a un plan pour rentrer chez Warner, on est pistonnés mais au cas où ça ne marche pas on aimerait bosser avec vous. On est des tueurs, on est jeunes et vos groupes ont l’air vieux et peu énergiques. On peut vous apporter quelque chose.
-Tu es tellement motivé que tu as oublié de me dire le nom de ton groupe. SI sur scène tu sautes plus haut que le chanteur de Primal Age peut etre que j’écouterai ta musique. »

-« Bonjour. Notre album est sorti sur tel label. Vous pouvez nous aider à avoir des chroniques, des interviews et des concerts ?
-Et ton label il fait quoi ? Il tricote ? »

-« Si on signe chez vous et qu’un gros label nous repere, ça se passe comment ?
-Tu me laisses tes meubles »

-« Il faut que tu nous voies sur scène. Organise nous un concert chez toi, on vient et tu seras impressionné.
-Tu veux pas baiser mon chien aussi ? »

-« On est prets a tout payer c’est normal aujourd’hui, les groupes doivent aider les labels et pas l’inverse.
-Tu me changes les pneus aussi ? »

Ou celle du groupe de potes avec qui tu as passé une partie de l’après midi et qui le soir t’envoie un message « on a pas osé te demander mais on voudrait signer avec toi ». Si tu n’oses pas demander en face à un copain. Qu’est ce que ça sera si tu rencontres un big boss ? Tu chieras dans ton scaphandre.

 

AMT (Romain): Quel serait l’artiste que tu reverais de signer un jour ? Fais nous rêver !

Sans aucune hésitation ça serait Social Distortion. C’est mon groupe préféré. J’ai le bras gauche et les phalanges tatouées en hommage.
Sinon ça serait The Misfits, Calabrese, The Gaslight Anthem, Backyard Babies, Turbonegro, The Electric Hellfire Club, Merauder, Slayer.
Je pourrai rajouter The Haunted mais j’ai produit l’album solo de l’ancien chanteur Peter Dolving. Et ce fut un insigne honneur que de produire un artiste qui m’a influencé quand j’étais musicien et qui est aujourd’hui devenu un ami.

 

AMT (Romain): Quelles autres activités envisages tu pour le futur ?

Je viens de sortir le split Xasthur/ Nachtmystium. Cette sortie est un réel chemin de croix étant donné que Blake Judd de Nachtmystium a de nouveau foutu le bordel en faisant n’importe quoi. Mon agenda de sortie est complet pour de nombreux mois avec des sorties annoncées et d’autres qui ne sont pas encore dévoilées. Donc comme le dit mon fils, « il faut parler tout bas ».
Sinon, j’aimerai trouver le trésor des Cathares et la grotte qu’on cherche avec Vince, commencer à me faire tatouer sur les jambes car j’ai rien et ça contraste avec le haut, partir en vacances aux Antilles pour un pèlerinage sur la terre nouriciere du zouk, mettre la main sur la version vinyl de « Cheating at solitaire » de Mike Ness, acheter une VW Coccinelle, trouver un autre terrier pour ne plus avoir à monter des cartons de disques sur 3 étages, en finir avec le célibat, me trouver des two tone shoes, voir une photo de mon pote Baloo sans la barbe,…

 

AMT (Romain): Un dernier mot pour conclure ?

Je te remercie encore pour l’interview. C’est toujours un plaisir.
Merci également à ceux qui soutiennent le label, merci aux groupes et merci à ma petite boule d’énergie positive qu’est mon fils.
In the name of zouk : nous aimons

 

Propos recueillis par Romain Reaper

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