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HELLFEST 2018 : LE REPORT by Romain Reaper
Hellfest 2018
JEUDI 21 JUIN : RETROUVAILLES EN FAMILLE
Après être arrivé la veille assez tard, une installation rapide au Red Camp et une nuit assez courte, une visite de Leclerc de Clisson s’impose dès le matin, avec les rituels et coutumes habituelles, à base de cris et de grognements à travers tout le magasin. Apéroooooooooo…
Un repas vite avalé le midi et nous voilà dans la file d’attente pour la pose des bracelets. Le soleil tape violent et ne démordra pas le reste du week-end end, ce qui est plutôt une bonne chose, vaut mieux ça que le pluie pendant 3 jours.
Recharge de la cashless ainsi que de notre verre de bière, petit tour dans l’Extreme Market et dans le Hellcity Square, retrouvailles avec les amis de toute la France qui dureront jusqu’à tard dans la nuit, joutes de caddies au camping et apéro goulu, un jeudi normal à Clisson. Il est temps de dormir, le vendredi s’annonce intensif.
VENDREDI 22 JUIN : DEATH METAL, BLACK METAL AND SOME HEAVY
Le soleil nous réveille en mode four dès 8h du matin, que nenni, nous somme fin prêt pour ce premier jour de festival. Passage par le VIP ainsi qu’au merch officiel afin d’éviter les heures interminables de queue. Pas mal de nouveautés sur le site, à savoir une buvette coincé derrière la tour de mix des Mainstages, évitant de se déplacer super loin pour se ressourcer.
Heureusement car nous ne louperons aucune seconde du premier concert de la journée sous l’Altar : DRAKWALD. Leur show en tant que guest d’Ensiferum en 2015 avait laissé une bonne impression, qui sera largement confirmé aujourd’hui : prestation bien plus rodée, meilleure maîtrise de l’ensemble, nouveaux morceaux bien rentre dedans, les tourangeaux ont vraiment évolués.
Et même si l’ombre d’Eluveitie continue de planer dans leur musique, on ressent une volonté d’imposer leur style à part entière.
De plus, énorme point positif, la cathédrale ouvrant plus tôt que les années précédentes, c’est devant un parterre plus que fourni que le groupe se produira, ne les remerciant jamais assez de s’être levé aussi tôt. 30 minutes de death mélodique teinté de pagan, voilà de quoi se réveiller.
Premier passage à la Temple dans la foulée : CAINAN DAWN. Les savoyards nous délivrent un black metal sans concession, relativement old school mais très propre et très en place et scandinave dans l’esprit.
Des morceaux longs, des passages calmes, très ambiancés, tranchants avec la fureur du black metal sonnant très suédois, proche d’un Dissection par moments. Une belle découverte qui mérite vraiment d’approfondir le sujet.
Après un repas avalé rapidement avant que cela bouchonne sur tous les stands, on regarde la fin du set des frenchies de THE WALKING DEAD ORCHESTRA. Jouant devant un parterre conquit pour lui, leur deathcore, à défaut d’être original, nous fait quand même secouer la tête gentiment malgré un son un peu récalcitrant par moment.
Sur scène et dans la fosse en revanche, aucune modération n’est de mise, les premiers circle pit apparaissent et on sent la ferveur monter au fur et à mesure. Ça promet pour la suite.
Retour à la Temple pour un autre groupe frenchie : DARKENHOLD. Les niçois pratiquent un black metal teinté de médiéval, comme à l’époque des premiers Satyricon, la plupart, une fois n’est pas coutume, chanté en français.
Plus dans un esprit mid-tempo, avec des nappes de clavier magnifiques en fond, ces chœurs ainsi qu’un tapis de double caisse donnant de l’épaisseur, on est de suite pris dans cette atmosphère ténébreuse et pleine de brouillard.
Et ces lignes mélodiques par dessus les blast beats sont vraiment les bienvenues. Bref, une autre découverte comme on aime en faire et qui reste gravé longtemps.
Retour à l’Altar pour enfin voir pour la première fois un groupe culte dans le metal extrême du paysage français, il s’agit de MISANTHROPE. Alors soit on adore soit on déteste mais on ne peut rester de marbre.
Encore une fois dans le registre de Molière, les franciliens offrent une sorte de mini rétrospective de leur carrière : Les Lamentations Du Diable de Misanthrope Immortel ou l’excellent Misanthrope Necromancer du fameux Libertines Humiliations. Le son est globalement bon et bien équilibré, permettant de profiter des lignes orchestrales grandiloquentes.
Son Altesse Sérénissime de L’Argilière ne cesse de remercier la foule durant les 40 minutes qui leurs sont consacrés. Un beau concert qui se termine sur Bâtisseurs de Cathédrales et sa mélodie entêtante.
Le temps de recharger le gobelet que nous nous plaçons à la barrière de nouveau à l’Altar pour enfin voir le premier uppercut de la journée (pour la 9e fois quand même) : les amis de BENIGHTED. Notre Julien Truchan national est prêt à en découdre et ça fait plaisir.
Abordant d’entrée de jeu la cartouche Reptilian, tiré du dernier album Necrobreed, Benighted met direct les poings sur I : ça mosh, ça tourne aussi bien dans le circle pit que les cheveux au 1er rang, les challengers n’arrêtent pas de travailler en récupérant une quantité de slammeurs assez conséquente ; bref c’est que du bonheur.
Let The Blood Spill Between My Broken Teeth déchaîne les passions, tout comme Collapse (voyant le 1er wall of death de la journée), Slut, Azylum Cave ou même Versipilis. Le morceau Cum With Disgust voit Arno de Black Bomb A se flinguer d’un guest impeccable au chant ; Manu et Fabien bourrinent leurs 6 cordes pendant que l’énorme Kevin « Simon » Paradis maltraite sa pauvre caisse claire.
Les deux dernières bûches Experience Your Flesh et la cover Biotech Is Godzilla d’un certain groupe brésilien nous anéanti la voix alors que le festival vient de commencer. Merci Benighted, vous avez été grands, comme a l’accoutumé.
Difficile de passer après cette déferlante énorme. Cependant, NORDJEVEL prend ses marques à la Temple, le nouveau rejeton de la scène true black metal norvégienne.
Étant placé au au 3e rang, le son s’avérera juste comme il faut (ce qui ne sera pas l’avis de tout le monde, en effet, suivant ou on se place, les avis sont très changeant) permettant d’apprécier toutes les nuances et les touches heavy et mélodiques ci et la, un peu à la Immortal.
Corpse paint, clous, chaînes, guitares acérées, blast infernaux, cris suraigus, tout est millimétré pour un show puissant. A noter l’excellente cover Raining Blood de qui vous savez, crié par un public en délire. A revoir en salle pour l’apprécier à sa juste valeur.
Un peu de relaxation en attendant le black atmosphérique teinté de folk des écossais de SAOR. S’inspirant fortement d’un Agalloch à son apogée, c’est un mélange de sonorités très apaisantes sur lesquelles nous nous échappons pour un pays lointain fait de montagnes, de forêts et de brume omniprésente, plongeant dans un univers nordique et magnifique.
Morceaux longs, ambiances païennes, agressivité du black metal, voilà des contrastes et émotions tellement diverses mais qui s’accommodent à la perfection. Le set passe tellement vite qu’on en redemande, on aurait bien pris 20 ou 30 minutes de plus. Un excellent souvenir.
Pendant que JOAN JETT s’époumone sur la Mainstage 1, nous nous plaçons judicieusement pour ce qui sera le meilleur concert de la journée. Trop rares dans nos contrées, nous profitons de cette aubaine pour voir DEMOLITION HAMMER. Mais quelle claque. Imaginez simplement Obituary avec la voix d’Angelripper de Sodom, en mode death old school.
Avec seulement 3 albums à leur actifs sortis au début des années 90, les ricains n’ont plus rien à prouver et sont même devenus cultes dans le style. La force de frappe est juste énorme malgré leur age : guitares acérées, voix criarde, batterie en mode tupatupa en permanence, son assez fort mais clair bref on est pas la pour regarder les cailloux.
Et le public lui rend plus que bien à coups de circle pits, slams et pogos infernaux. Alors certes l’originalité n’est pas de mise mais ça fait tellement de bien la où ça passe qu’on redemande en permanence. Merci les mecs d’avoir remis les idées en place.
Après un petit tour dans l’espace VIP, un passage par le merch des groupes ainsi qu’à la Mainstage 1 pour apercevoir Johnny Depp de loin (sacré voix et quel charisme d’ailleurs) avec ses compères Alice Cooper et Joe Perry d’Aerosmith formant les HOLLYWOOD VAMPIRES, nous revenons à l’Altar pour une valeur sure : les américains de SUFFOCATION.
Frank Mullen ayant décidé de jeter l’éponge définitivement, c’est toujours l’insatiable Ricky Myers (batteur de Disgorge) qui officie au micro, comme il avait pu le faire lors de son passage en terre toulousaine en 2015 au Bikini en compagnie de Nile. Ayant désormais les cheveux courts, cela ne l’empêche aucunement de hurler comme s’il donnait son dernier concert.
C’est dans un déluge de rythmiques déferlantes, de blast-beats merveilleux et de basses tricoteuses que nous nous embarquons dans un secouage de cheveux intense, ainsi que la fameuse « main qui tremble » comme le faisait Franck Mullen. Comment peut-on résister à des joyaux comme Pierced From Within ou le terrible Infecting The Crypts avec son riff sauvage lancé par l’indétrônable Terrance Hobbs. Suffocation ne laisse qu’un champs de ruines après son passage comme il a l’habitude.
Pour une fois, nous arrivons un peu en avance à la Mainstage 1 et prenons place vers le huitième rang environ pour pouvoir profiter de la 1ere tête d’affiche du jour. La dernière fois, en 2014, ils avaient mis tout le monde d’accord avec un show ultra carré : les grands JUDAS PRIEST.
Promouvant l’album Firepower qui est sûrement leur meilleur album depuis Painkiller, on est déjà assuré que certains morceaux, taillés pour le live, vont prendre toutes leurs intensités sur scène.
Alors qu’on entend War Pigs résonner dans la façade, on découvre un décor tout en feux et flammes, à la hauteur de la prestance du Prêtre Judéen. Firepower est d’ailleurs joué d’entre de jeu : le son est bon et juste comme il faut, Rob Halford est très en voix. S’en suit la sainte trinité Grinder – Sinner – The Ripper.
Alors quid du groupe qui joue sans aucun guitariste du Line Up dit « classique » ? Car nous connaissons tous le lien qui pouvait exister entre Glen Tipton et KK Downing avec ces Twin Guitars aux harmoniques légendaires. On connaît déjà le talent de Ritchie Faulkner, qui pose au possible devant la gente féminine placée au premier rang. Mais concernant Andy Sneap, le producteur de renom remplaçant Glen (saloperie de Parkinson le forçant à ralentir la cadence) s’en sort admirablement bien.
Quand à Halford, il nous démontre toujours son panel vocal toujours aussi puissant malgré ses 66 années au compteur et atteint toujours des notes très aigus, notamment sur Painkiller. Sa garde robe est elle aussi bien fournie. Bloodstone et Turbo Lovers sont repris en cœur par une foule admirative et Freewheel Burning nous fait bouger la tête. Les amateurs du jeu GTA Vice City apprécieront You’ve Got Another Thing Coming enchaîné direct avec Hell Bent For Leather, chère aux motards.
Un petit solo de batterie et c’est Painkiller, morceau emblématique, chanté par une foule aux anges. Les lumières s’éteignent de nouveau et on entend la Harley Davidson de Rob Halford arrivant sur scène pour une triplette Metal Gods – Breaking The Law – Living After Midnight.
Finalement ce n’était pas le meilleur concert du Priest mais un très bon cru 2018, bravo messieurs, félicitations à vous, vous faites encore parti des grands du heavy metal, assurément. 1 heure du matin, nous passons devant la Temple où Therion se produit à ce moment là mais nous devons garder des forces pour les autres jours. A suivre.
SAMEDI 23 JUIN : ONLY BLACK AND DEATH
La voix fait des siennes en cette belle matinée sous le soleil de la Loire Atlantique. Que nenni, Il faut être d’attaque pour ce samedi qui s’annonce encore une fois bien violent.
En cette belle matinée, nous allons faire un tour vers la Warzone, encore bien vide et prendre un petit moment de recueillement devant la statue impressionnante en bronze de Lemmy.
Le thrash est à l’honneur pour ouvrir l’Altar avec un groupe du coin : HEXECUTOR. Si le groupe était apparu en 1985, c’est certain qu’ils seraient partis en tournée avec Destruction ou Kreator : perfectos, cuirs, jeans troués, Gibson Flying V, cris sur-aigus, rythmiques ultra rapides : tous les ingrédients sont la pour refaire vivre la folie du thrash old school des années 80. Rien de mieux pour démarrer la journée.
Premier concert à la Temple aujourd’hui, un autre groupe français lui aussi : PENSEES NOCTURNES. Officiant dans un black metal bien avant gardiste, les franciliens ont cette particularité d’inclure une ambiance de cirque dans leur musique à base de trompettes, cors et autres cuivres sur des passages clownesques mais morbides au possible.
Et les voir habillés en Ronald Mc Donalds version Corpse Paint sublimera le décorum. Imaginez simplement le groupe Avatar en beaucoup plus macabre et plus extrême dans leur musique.
Le cerveau de Vaerohn, au chant et instruments à vent (les autres musiciens ne sont là que pour le live) a dû beaucoup s’inspirer du célèbre livre de Stephen King. Encore un groupe plaisant et bien à part, signé étonnamment chez Les Acteurs de l’Ombre.
Retour à l’Altar avec les anglais de BLOODSHOT DAWN. Totalement inconnu au bataillon, leur musique se veut très death technique mais avec la puissance du thrash greffé à quelques mélodies somme toutes imparables.
Après une recherche rapide, il se trouve que le groupe partage le même batteur que Vader et Divine Chaos, le bien nommé James Stewart, pourtant absent aujourd’hui, les polonais tournant aussi en ce moment. Mais cela ne gène point, son remplaçant faisant le taf admirablement.
Ça groove, ça blaste, ça growle velu, et ces rythmiques rapides à la Dying Fetus sont d’autant plus énergiques. Encore un groupe comme on aime dénicher.
Les amateurs de black dans un esprit pagan vont être comblés : nos régionaux de HANTAOMA investissent la Temple.
Réunissant 2 membres de Stille Volk et 2 autres de Khaos Dei, le groupe ne joue que trop peu en live et c’est donc une aubaine, comme le Hellfest le fait si bien, d’assister à une de leurs prestations, le tout devant un parterre bien rempli.
Le champ en occitan, alternant entre screams et chœurs guerriers, nous amène directement dans les tréfonds des Pyrénées. Il est certain que leur passage marquera les esprits et ce malgré un son un poil brouillon à certains moments.
Autre groupe qu’on ne voit jamais en concert : les finlandais de DEMILICH. Un seul album à leur compteur, Nespithe, sorti en 1993, puis quelques apparitions en festival, beaucoup trop rares. Une vrai occasion donc de voir ce que ça donne.
Le constat est sans appel : leur death metal est très sombre, déstructuré de partout, avec un son sale et une voix ultra caverneuse, une version encore plus méchante que l’a pu être Immolation. Les morceaux sont longs, pointés de changements de rythmes presque progressifs sur certains intervalles, les amateurs sont conquis et nous aussi d’ailleurs.
Après s’être rempli la panse et pris un peu de repos, nous attaquons de nouveau dans une Temple ultra bondée avec HEILUNG.
Le combo allemand s’est taillé une sacré réputation dans le milieu du folk, on pense que l’effet Wardruna doit y etre un peu pour quelque chose.
Sur scène, pas de guitare, que des musiciens habillés comme à l’age de pierre, à base de fourrures et autres vêtements ancestraux, différents tambours et autres instruments à percussions tous plus bizarres les uns que les autres.
Et la où le groupe Arnica nous avez plutôt laissé de marbre il y a 2 ans en première partie de Kalmah, la mayonnaise prend nettement plus et c’est une véritable cérémonie authentique, un vrai rituel voire même une communion avec la nature, devant un public complètement acquis à leur cause. Un moment fort du jour.
Nous revenons doucement vers l’Altar pour une autre douceur du jour : MEMORIAM. Du fait du décès récent de Bolt Thrower en 2016, Karl Willetts ne s’est pas reposé sur ses lauriers et a eu vite fait de proposer un groupe successeur à son précedent, cette fois accompagné de 2 anciens Benediction.
Proposant à la base seulement des covers du groupe anglais, celui ci a vite fait d’aligner les compos et de sortir 2 albums rapidement. Et c’est gras, tapis de double grosse caisse, plutot mid-tempo dans l’ensemble mais terriblement efficace en matière de death old school.
Les Pays bas ont Asphyx, le Royaume Uni a Memoriam. Willets, growl profond et cheveux très longs d’un blanc limpide, ne cesse de les balancer à tout va, tel un John Tardy dans ses meilleurs jours.
Toujours inspiré par la guerre, le combo dégaine ses cartouches tel un char d’assaut en mode rafale. Une vrai leçon de death metal, encore une fois.
Un petit falafel avec du houblon et nous revenons squatter le premier rang de l’Altar pour le meilleur groupe de death metal du Québec : KATAKLYSM. Tabarnak, ça fait plaisir de calisse de les revoir, esti de criss.
Déballant d’entrée Like Angels Weeping (un des meilleurs morceau de l’album In The Arms Of Devastations), le son est parfait, les mouvements de foules sont violents, et Maurizio Iacono appelle la foule a slammer le plus possible : « Il faut les faire travailler, tabarnak, on a besoin des corps qui viennent ici » s’adressant aux challengers et lançant As I Slither, mid tempo qui te décroche la mâchoire. Body Surfing contest, comme il aime l’appeler. Énorme.
Meditations étant sorti 2 semaines avant, celui ci n’est pas laissé de coté et des titres comme Outsider ou Narcissist sont des petits bijoux. Les anciens albums sont aussi de la partie avec des titres comme In Shadows And Dust, Crippled And Broken ou le headbanguant At The Edge Of The World. The World Is A Dying Insect vient clore les débats, on a assisté à un véritable cataclysme (hohoho), merci les cousins de la Belle Province, c’était un vrai plaisir encore une fois.
Nous passerons rapidement sur la prestation de CHILDREN OF BODOM. Suite à un Altar ultra surbondé et surtout un public de débiles qui joue des coudes au premier rang, allant presque à en venir à frapper, que nous nous éclipsons de là et finissons devant l’écran géant à l’extérieur, perplexe et blasé, et ce malgré notre fanatisme inconditionnel. Plus jamais ce groupe devant en festival en France.
Heureusement, le black metal veille au grain et à notre santé mentale. En effet une messe noire se prépare : WATAIN.
Corpse paint, crucifix, décor représentant une église morbide voir satanique, feux immenses sur scène, croix enflammées, nous sommes prêt pour la cérémonie. Le son, bien que fort est suffisamment clair
pour apprécier leur musique, secondé par un show extraordinaire.
Erik Danielsson et ses sbires ne font pas dans la dentelle. Vu que nous ne connaissons pas tellement la discographie des suédois, nous nous contentons d’apprécier pleinement le concert : c’est rapide, furieux, très puissant et on a vraiment envie de secouer la tête, la séance est simplement magnifique.
Une pensée pour les gens présents au premier rangs qui ont pris une giclée de sang de porc pas très frais.
Mais on était prévenu, fallait s’y attendre. Encore un combo qu’il va falloir réviser pour la prochaine fois.
Ayant déjà vu NILE un bon paquet de fois, nous restons à la Temple. 13 ans. 13 années beaucoup trop longues. Mais tout vient à point à qui sait attendre. Alors certes le groupe fait beaucoup plus dans le symphonique que dans le black, oui Eonian ne sonne pas comme Puritanical Euphoric Misanthropia. Mais DIMMU BORGIR s’apprette à jouer.
Une petite appréhension cependant quand au son car il vrai que le dernier album sonne plutôt en faveur des orchestrations. Il n’en est rien. Dès le premier morceau, The Unveiling, les guitares sont prédominantes et sonnent comme une lame de rasoir. Fabuleux.
Toujours sur le même album, Interdimensional Summit prend toute sa splendeur. Shagrath, grand seigneur, a toujours cette voix si particulière et puis quel charisme. Silenoz et Galder, capuches sur la tête durant les premières minutes, n’ont pas changés d’un poil, leurs Esp Flying V noires bien sur leurs épaules.
Une doublette de l’album In Sorte Diaboli s’enchaîne, The Chosen Legacy et surtout The Serpentine Offering, efficace à souhait. Le public, attentif, n’en perd pas une miette et chante même toutes les parties mélodiques, surtout sur des morceaux comme Getaways, Dimmu Borgir ou Council Of The Wolves. Des lights très belles, pyros, feux d’artifices, tout est parfait.
La fin approche mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Shagrath remercie le public, patient d’avoir attendu plusieurs années, et commence à crier un « Progeniiiiiiies » pour notre plus grand bonheur. On ne peut le nier, Progenies Of The Great Apocalypse est un hymne implacable. Mais le meilleur est à venir : the last song is called the Mourning Palace. Transe totale. Juste monstrueux. Les larmes coulent le long des joues tellement c’est beau. Merci Dimmu Borgir, on a très hâte de vous revoir en salle, pour un bonheur encore plus grand. 2h10 du matin, encore une journée éreintante mais avec plein de souvenirs. Bonne nuit.
DIMANCHE 24 JUIN : A LITTLE BIT OF MAINSTAGES
La voix est décédée dans la nuit, la pauvre, qu’elle repose en paix. Pas grave, c’est le dernier jour, il faut profiter à fond. Les têtes sont fatiguées, l’alcool a fait des ravages dans le camping mais on tient bon.
Et quoi de mieux que les copains de CRISIX à l’Altar pour démarrer la journée ? Le thrash espagnol, avec Angelus Apatrida a de beaux jours devant lui.
Les amateurs du styles sont conquis car ça tape dur et très rapidement, on se croirait de retour à la Bay Area en 1985. Comment résister sans bouger la tête avec des brûlots comme The Great Metal Motherfucker ou Get Out Of My Head, joués avec une bonne humeur communicative. Moment fort, les musicos échangent leurs instruments et c’est un medley Symptom Of The Universe / Hit The Light / A New Level sensationnel.
Ultra Thrash voit tous les mecs sauf le batteur venir jouer dans la fosse avec un circle pit autour d’eux, absolument époustouflant. Merci les barcelonais, vivement que vous reveniez.
Premier groupe de black metal aujourd’hui : AU DESSUS. Les lituaniens, signés récemment chez les Acteurs de l’Ombre, nous prouvent une fois de plus qu’on peut compter fermement sur une relève plus qu’assurée pour nous pondre des groupes toujours plus énormes les uns que les autres : Uada, Mgla, Batushka, on pourrait en citer des listes.
Capuches cachant un peu le visage mais révélant des têtes de jeunots, guitares ultra puissantes, morceaux longs (4 morceaux seulement seront joués aujourd’hui) dans un black metal partagé entre old-school et moderne, atmosphérique à souhaits avec de magnifiques arpèges. L’avenir du black metal est clairement garanti et c’est tant mieux.
Passant beaucoup trop rarement en France, on se rue à la Mainstage 1 pour revoir les PRIMAL FEAR. Le heavy metal à tendance speed se faisant de plus en plus rare, c’est avec une joie immense que nous fêtons la venue du combo allemand en terre clissonaise.
Et c’est avec le très priestien Final Embrace que le groupe prend son envol. Son impeccable, Ralf Sheepers super en voix, riffs efficaces distillés par 2 supers gratteux à savoir Tom Naumann et Alex Beyrodt (Magnus Karlsson n’est pas présent avec eux), on se sent obligé de headbanguer. Angel In Black, Nuclear Fire, Chainbreaker, In Metal We Trust, tous les hits de la peur primaire sont au rendez vous.
La ballade Fighting The Darkness vient calmer les ardeurs avant de repartir de plus belle sur le dernier morceau, l’emblématique Metal Is Forever, voyant notre cher Ralph monter encore très haut dans les aigus. Les aigles sont toujours vivants, comme ils viennent de le prouver.
Une fois n’est pas coutume, nous prenons un peu de temps de repos pour se sustenter, aller à la dédicace de Arch Enemy serrer des paluches ainsi que se faire dédicacer un peu de merch pour aller se poser tranquillement, après ça, devant la Mainstage 1 pour ICED EARTH. La dernière prestation à laquelle nous avons assisté date du temps où Tim Ripper Owens jouait encore dans le groupe, c’est à dire pour l’édition 2004 du Graspop en Belgique, autrement dit un sacré bail.
Matthew Barlow est entre-temps revenu puis reparti, remplacé par l’excellent Stu Block, avec ce timbre de voix si particulier. Et il est clair que des morceaux comme Burning Times ou Vengeance Is Mine sont des monuments du heavy américain.
Avec des titres comme l’excellent Dystopia ou The Hunter avec son refrain entêtant, Jon Schaffer reste définitivement un des meilleurs rythmiques du monde. La ballade Watching Over Me vient clore ce qui a été un pur moment de la journée, on aurait clairement bien repris au moins 20 minutes de plus, minimum.
On repart prendre des forces pour le soir, tout en voyant la fin de KILLSWITCH ENGAGE avec la non moins connu Holy Diver de qui vous savez. Même après les avoir vu un nombre assez élevé de fois, c’est toujours une délectation de revoir ACCEPT sur la Mainstage.
Et comme ils ont l’habitude, c’est une avalanche de hits, toujours plus énormes les uns que les autres : Pandemic, Fast As A Shark, Princess Of The Dawn, Metal Heart, Restless And Wild que les allemands nous proposent.
La foule est aux anges, Wolf Hoffman dégaine ses riffs ravageurs le sourire au visage, bref un véritable enchantement. Udo Dirkschneider étant parti il y a 13 ans, Mark Tornillo a irrévocablement fait le job maintenant, idem pour les petits nouveaux à la batterie et la guitare rythmique. Le tout poussé par un son parfait. Idem que pour les précédents de la journée, on aurait bien pris 4 voire 5 morceaux de plus, hâte de les revoir.
Voila sûrement un des événements que votre serviteur attend le plus de la journée sur la Mainstage 2 : ARCH ENEMY. La tension monte et c’est par The World Is Yours, lancé par un tandem Michael Amott / Jeff Loomis très inspiré et bien plus en forme que sur la tournée qui est passée par Toulouse en janvier dernier.
Et ne parlons même pas d’Alissa White-Gluz, fini cette vieille grippe, c’est désormais en mode tigresse front-women qu’on la redécouvre. S’exprimant tantôt en québécois tantôt en anglais, son coté un peu diva pourrait un peu être agaçant mais on oublie rapidement ça tellement la demoiselle est douée. Servi par un son parfaitement équilibré et agressif, la foule, très importante, se laisse emporter par un groupe déchaîné sur scène.
War Eternal est aussi bien représenté avec l’éponyme War Eternal, You Will Know My Name ou le rapide As The Pages Burn. Ce que l’on retient le plus, c’est la complicité qui règne entre les 2 six cordistes, qui se lancent régulièrement des regards complices entre 2 solos, à plein de reprises. La paire We Will Rise / Nemesis nous met (encore) en exaltation une dernière fois, ça y est, notre voix est éteinte. Pas d’instrumental (Field Of Desolation) pour finir mais on leur en veut pas, c’était une fois de plus un instant merveilleux. Encore merci à vous.
En sachant qu’Amorphis commence à jouer à l’Altar et que nous les reverrons en février prochain, nous donnons la chance à MEGADETH. Alors que beaucoup de monde se place aussi, Dave Mustaine et ses sbires prennent place. Rattlehead démarre, nous constatons un très gros souci de son : nous entendons que la batterie, pendant facilement 2 minutes. Le groupe, qui ne semble pas perturbé continue de jouer normalement. Quel dommage et quel gâchis.
Heureusement, le son revient rapidement. Hangar 18 avec ses solos infernaux, joués par le couple Dave Mustaine/Kiko Loureiro. Et pourtant il y a un autre problème : la voix de notre rouquin préféré est totalement aux abonnées absentes, et ce depuis déjà un bon moment. En espérant qu’il prendra un jour la bonne décision de recruter un chanteur à part entière, quitte à ce qu’il ait la même voix. My Last Words sera dédicacé à Vinnie Paul, disparu 2 jours avant, suivi par l’entraînant Take No Prisoners.
Seul épisode sympathique de ce concert : la venue de Michael Amott jouer sur Symphony Of Destruction. Plaisant pour les fans. La fin approche et c’est avec une foule qui chante très fort sur Peace Sells et Holy Wars (qui est juste un chef d’œuvre à lui tout seul) que le combo de Los Angeles nous quitte sous de forts vivats.
La tension est encore plus vive qu’auparavant, il n’y a jamais eu autant de monde devant la Mainstage 1 durant toute édition. Doctor Doctor de Ufo résonne dans la sono. Les battements du cœur deviennent de plus en plus intenses. La scène apparaît enfin, sous un décor plutôt militaire.
C’est alors que le speech de Churchill se fait entendre : « We shall go on to the end, we shall fight in France, we shall fight on the seas and oceans, we shall fight with growing confidence and growing strength in the air, we shall defend our island, whatever the cost may be, we shall fight on the beaches, we shall fight on the landing grounds, we shall fight in the fields and in the streets, we shall fight in the hills; we shall never surrender. »
C’est alors qu’Aces High est lancé par un IRON MAIDEN en grande forme. Une réplique d’un Spitfire de la seconde guerre mondiale apparaît au dessus des musiciens. Sublime. Le son, lui sera honnêtement le plus optimal de tout ce qu’on a pu voir de tout ce week-end.
Steve Harris prend son pied, posé sur son retour pendant Jannick Gers continue à faire l’andouille, comme il a l’usage ; Dave Murray et Adrian Smith continuent de faire rêver avec leurs mélodies tandis que Nicko Mc Brain est métronomique avec sa ride typique. Mais celui qui nous impressionne le plus reste le seigneur Bruce Dickinson. Parlant dans un français très bien prononcé, il arpente toute la scène comme s’il avait 20 ans et n’effectue pas une seule fausse note, quand on sait qu’il a échappé à un cancer de la gorge il y a quelques années. Incroyable.
Quand à la setlist, on est proche de la perfection : The Trooper, Where Eagles Dare, 2 Minutes To Midnight, Revelations, The Wicker Man (quel solo de Mr Smith), même des titres de l’ère Blaze Bailey ne sont pas oubliés comme Sign Of The Cross (pour notre plus grand bonheur).
De plus, la mise en scène est fantastique avec un backdrop par morceau, un Eddie qui vient se battre avec Dickinson à plusieurs reprises, des lights juste superbes bref que du bonheur. Moment unique, Fear Of The Dark repris par les 50000 personnes, un frisson prodigieux.
La doublette finale avant le rappel The Number Of The Beast / Iron Maiden nous fait chanter une dernière fois avant le noir total. C’est alors que le groupe revient pour nous jouer The Evil That Men Do, suivi de Hallowed Be Thy Name et enfin Run To The Hills, voyant chanter le public à l’unisson. Encore une fois, merci, merci à vous Iron Maiden, vous êtes irrévocablement le plus grand groupe de heavy metal que la terre ait jamais porté.
Comment se relever après ça ? Il se trouve que l’orga a décidé de balancer une petite vidéo de remerciements sur tous les écrans de site et qu’elle a écouté les souhaits des festivalier : contrairement à d’habitude, une annonce de groupes est faite et les 1ers noms vont apparaître : CARCASS, DROPKICK MURPHYS, MASS HYSTERIA, le dernier concert de SLAYER et surtout le retour en France de MANOWAR avec l’immense Joey Demaio qui vient lui même l’annoncer sur scène de la Mainstage 2. Nous sommes littéralement en PLS. Émotions intenses, le cœur bat très vite, il faut le calmer ardemment.
Seule une leçon de thrash old school est nécessaire pour se remettre de tout ça, et EXODUS va très bien accomplir cette tache, servi par une setlist des plus destructrice que jamais. Le son est fort voire très fort mais assez clair, et il n’y a pas mieux pour apprécier le thrash des californiens.
Blood In Blood Out voit les circles pit encore tourner très vite et on ne peut s’empêcher de se jeter dedans au moment où commence Bonded By Blood, A Lesson In Violence ou Blacklist.
Gary Holt étant toujours occupé avec Slayer, Kragen Lum tient toujours la 6 cordes aux cotés de Lee Altus, pendant que Tom Hunting continue de martyriser sa double pédale. Quel pied, le thrash c’est la vie. Quant à Steve Souza, il donne sa vie à son micro, comme si c’était la dernière fois qu’il foulait les planches.
On atteint le haut du panier avec le duo final The Toxic Waltz / Strike Of The Beast, qui voit un wall of death exploser sur le break du dit morceau. Énorme. Le cou a encore pris cher mais tant pis, on verra plus tard pour les réparations.
Sur une note un peu plus légère, nous finissons assis dans l’herbe pour regarder le show de NIGHTWISH. Franchement, nous y allons sans vraiment grandes convictions et puis on est surpris par la lourdeur et la puissance des guitares de Emppu Vuorinen, beaucoup plus heavy que toutes les dernières prestations dont nous avons assisté ces derniers temps.
Alors, si en plus la setlist se veux axée sur pas mal de vieux morceaux, nous sommes comblés : alors que Elan ou Amaranth ne perturbent pas plus que ça, il n’en est rien concernant les Wish I Had An Angel, Nemo, Gethsemane, Devil And The Deep Dark Ocean ou le rare et massif Slaying The Dreamer, chantés par une Floor Janssen qui tient le rôle à merveille et secondé par un Marco Hietala tout bonnement impeccable aussi.
Et c’est sur le très symphonique et magnifique Ghost Love Score que le groupe nous quitte après de longs applaudissements. Et c’est dans un sentiment mêlé de tristesse et de gratitude que nous quittons le site du Hellfest pour cette année, il encore temps de regagner nos tentes.
CONCLUSION
C’était encore une fois une très bonne cuvée que cette édition 2018, avec très peu de déceptions, des concerts mémorables, peut être encore une fois un peu de trop de monde avec pas mal de « touristes », des rumeurs de refonte du site en lui même, avec pas mal de projets d’organisations afin d’améliorer encore plus le confort mais au final, seule la musique compte et au vu de ce qui est tombé pour l’an prochain, nous ferons tout pour être de la fête, encore une fois. Merci hellfest, merci Clisson, stay Metal, forever.
Par Romain Reaper
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